Lorsqu’on entre, cela fait l’effet d’une grotte. On ressent presque cette température sourde, comme une densité tranquille et fragile qui transpire des parois et nous enveloppe. Tout est là, mis à nu, classé, présenté. Et maintenant que tout est prêt il faut négocier avec la peur et le noir, qui doivent laisser une place aux marques, aux repères ainsi qu’aux fondations. Je me revois encore lorsque je n’étais qu’une petite boule noire, laineuse, presque râpeuse.
Mais je me suis laissée polir, un peu. Comme ces couteaux. Et maintenant que mes mains sont habiles elles peuvent à leur tour poncer, tracer, couper, apposer, mouler, tailler, ranger, creuser, et laisser leurs empreintes. C’est drôle on croirait presque que ces branches d’eucalyptus se sont changées en os. C’est que la matière continue sa transformation elle aussi et certainement que nos mémoires se retrouveront quelque part pendant ce voyage.
Texte de Blandine Lehec
Images – Alix Dussart | Graphisme – Zaïneb Hamdi : 3studio | Conception et editing – Alix Dussart et Andrea Copetti | Coordination – Andrea Copetti | Texte de Blandine Lehec